Le journal d'un confinement

De e-glop
Révision datée du 6 avril 2020 à 12:46 par BeTa (discussion | contributions) (Jour 24 et 25 - Samedi et dimanche 4 et 5 avril 2020)

Jour 1 - Jeudi 12 mars 2020

Macron annonce la fermeture des écoles pour lundi. Mon intuition est que c'est une montée progressive en charge. L'Italie a 1 semaine d'avance sur nous et est déjà en confinement presque total, au moins dans le Nord. C'est ce qui nous attend. Statistiquement le nombre de "contagieux" (pas le nombre officiel) est encore relativement faible à Quimper, en espérant que je n'en fasse pas déjà partie. On s'est fait un "Jeudi Ceili - End of the World Party". On embrasse une dernière fois les copains, avec un pincement genre "on devrait pas"... et retour à la maison. Déjà en tête, je passe en revue l'organisation à mettre en place pour pas péter un plomb à deux... heureusement qu'on vit sur un grand terrain et qu'on a des travaux en cours, et que je ne manque pas d'imagination côté métier (programmation, cybersécurité). Le monde est à qqs jours de l'explosion. Le 2nd tour des municipales est un fumeux délire.

Jour 2 - Vendredi 13 mars 2020

Vendredi 13, ça commence mal.

Je fous gentillement ma moto par terre à la sortie du garage. J'ai pas les yeux en face des trous : j'ai passé tout mon sommeil "actif" à penser aux tenants et aboutissants de ce qui se prépare. Je me pose la question si notre grippe de février ne pouvait être rapprochée du Covid-19. Il faut que je contacte O*****. Direction Brest.

Sur place, en milieu d'après-midi, mon collègue reçoit un coup de fil, change de tête, raccroche et nous dit : "ma femme est contagieuse, moi aussi, donc vous aussi probablement. elle a soigné un patient suspecté Covid-19 il y a 6 jours." Et là tout devient plus réel. On se regarde tous les trois dans le petit bureau. Une collègue revient des toilettes. Comment lui annoncer. Que doit-on faire / pas faire. Qu'a-t-on touché depuis ce matin dans le bureau ? Et derrière la vitre il y a 10 personnes qui bossent. Mon manager prend la responsabilité de leur parler. Je prends la charge de la désinfection du bureau, des poignées, etc. Je rentre chez moi : que faire ? Masque, gestes barrière, organisation méthodique, préserver Perrine. 1h plus tard, l'info est revient : le patient à l'origine de la contamination a été testé négatif. Ouf. Au moins je vois ce que "ça fait".

Jour 3 - Samedi 14 mars 2020

Je fais le marché, on fait les courses. Les connaissances que je croise veulent me serrer la main ou m'embrasser, je refuse : "je suis une personne à risque". Réponse mitigée. Les gens ne comprennent pas, n'arrive pas à concevoir ce qui se passe.

Travaux à la maison pour la terrasse avec mon beau-père. Nous sommes sur la même approche, pragmatique et réaliste. Gestes barrières, éloignement immédiat. Nous savons que ça va se durcir. Tour de déchetterie pour se désencombrer avec le "shut down" qui s'annonce.

Le soir même l'exécutif annonce que tous les ERP non essentiels sont fermés. Ça se confirme, malheureusement.

Jour 4 - Dimanche 15 mars 2020

Travaux à la maison, glandouille, sidération, prise d'informations.

On va chercher de la nourriture pour les chiens chez des amis, qui en ont pris de longue date pour nous. Ils reviennent de quelques jours de vacances dans le département. Ils ne réalisent pas et se moquent de nous quand nous restons dans l'entrée, loin d'eux, sans toucher leur fille. On essaie de leur expliquer, mais c'est pas facile à faire passer.

Il y a des sautes d'humeur à la maison. Perrine a du mal à envisager le confinement. Dans notre foyer, moi je suis les racines, elle les ailes. On voit bien le tableau se préparer.

Jour 5 - Lundi 16 mars 2020

X**** notre ami menuisier vient pour continuer la pose du plancher de la maison. Il ne comprend pas pkoi on ne s'embrasse pas le matin. La veille au soir il a cherché désespérément un kebab d'ouvert en ville. Il peste sur le fait que McDo était fermé et la "psychose" qui traverse tout le monde, selon lui. On y va par petites touches. Il est possible qu'il n'ait pas le droit de récupérer son fils ce WE ou durant les vacances à venir. Il vacille et son faux réalisme "il ne se passe rien" fait de la résistance. En fin de journée, il a un peu mieux compris. Il se met même à paniquer pour des matériaux qui lui manquent pour faire avancer son auto-construction qui lui permettrait de "rentabiliser" son confinement et lui permettrait d'avancer significativement sa construction qui est bien en retard.

Au boulot, on nous envoie des "plans de continuité de l'activité" qui ne tiennent pas debout. Les réflexes des collègues sont même en avance sur leurs directives. Mon manager semble être allé, avec une collègue qui a traversé le département pour ce faire, à une réunion de qualification chez un client. Inconscients, ça me fait bouillir.

J'ai réussi à me faire livrer, en fin d'après-m, des matériaux commandés en urgence le matin même. J'ai de quoi faire pour les 30 prochains jours (le temps que le béton ne sèche). ;) Mon pote menuisier débarque et serre la main sans retenue du livreur qui présente son poignet. Tout n'est finalement pas complètement rentré.

Macron prend la parole et parle de guerre. Tout se referme le lendemain. Je m'aligne, pour une fois, sur l'exécutif, avec même un peu d'avance.

Jour 6 - Mardi 17 mars 2020

Confinement. Congés forcés par mon employeur. Petites tâches numériques de fond, veille Coronavirus, jardinage ++.

J'ai O***** au téléphone. Je mise sur 5% de chances que ma grippe ait été le Covid-19, et que je lui ait refilé. Je ne rentre pas dans les arguments dans le sens de ces 5%, mais j'ai bien étudié le truc et ça peut tenir... à 5%. Ça serait cool pour nous (immunité), mais par contre on aurait été sacrément vecteurs pour les autres. Bref, petit fantasme.

Le soir Perrine se scandalise de personnes vues à surfer sur la côte. Elle dit "si tout le monde suit les consignes de confinement, ça ne sera que plus court". C'est scientifiquement faux : le confinement ne fait que retarder l'épidémie pour éviter la surcharge intenable des hôpitaux... il ne peut pas la stopper (on ne stoppe pas la grippe saisonnière, même avec des vaccins). C'est inaudible pour elle et je me fais descendre : ce que j'estime être du réalisme scientifique l'insupporte. Elle me targue de catastrophiste (prenant pour base l'ensemble des messages échangés dans la journée dans des groupes numériques communs). Je sais que plus on restera longtemps confinés, le mieux ça sera pour la santé publique (aplatissement de la vague épidémique, temps gagné pour trouver un vaccin/traitement...), même si c'est contre-intuitif. Au final (sauf vaccin) on sera 60 à 70% environ à avoir contracté la maladie quand celle-ci s'étouffera d'elle-même.

Juste avant de dormir j'apprends que Marc (mon beau-frère) a été en contact avec des enfants testés positifs au Covid-19. Il l'a appris le matin même. La veille au soir son fils voyait sa copine pour la dernière fois avant le confinement.

Jour 7 - Mercredi 18 mars 2020

Ch****** me passe un coup de fil ce matin : elle a été diagnostiquée Covid-19 par son médecin de ville. Elle a la tête sur les épaules mais est catastrophée par ailleurs : elle qui lutte contre la mondialisation, le capitalisme depuis si longtemps, la voilà victime directe. Les symptômes décrits sont étranges et pas exactement ceux de la grippe décrits dans la littérature que je consulte. Je dois lui trouver des groupes de recherche participative sur des traitements alternatifs.

Aujourd'hui je fais gaffe de ne pas "catastropher" dans les cercles de proches, je suis la remarque de Perrine. Tout le monde n'est pas capable d'encaisser ce type d'info sans douleur.

9h30 ce matin, je suis en vacances (forcées). Ma directrice (n+2) m'appelle. On a besoin de moi à 16h pour présenter à 17 cadres intermédiaires l'offre dont j'ai la charge. Je dis OK. Elle me dit que la demie-journée de congé sera annulée. C'est juste que j'ai plus de 4h de mobilisées entre la préparation et la visioconférence.

15h50 j'apprends que mon binôme, que j'ai poussé à venir dans la boîte, sera licencié, il est en période d'essai. 16h, je dois présenter mon offre avec en tête la disparition de mon binôme. Je fais de mon mieux.

18h30, je boucle ma journée et j'entends sur France Inter Gabriel Attal (secrétaire d’État à la jeunesse) dire : "Ce que les ministres rappellent aux représentants du patronat c'est que la prise de conscience doit être globale. Elle l'est : on est en guerre, comme l'a dit le Président de la République. Et dans ces conditions là les employeurs y compris doivent être les mieux disant possible dans les droits qui sont donnés aux salariés." J'écris un email supra salé (trop) à ma chaîne hiérarchique au complet en copie au CSE. Perrine, après lecture, m'incite à écrire un email "d'adoucissement", ce que je fais. Le CSE rebondit immédiatement et demande des comptes. J'ai lancé un gros tremblement de terre dans la World Company. Pour plus de solidarité et ne pas laisser des camarades sur le bord du Covid.

Jour 8 - Jeudi 19 mars 2020

J'ai quand même bien foutu le feu hier au boulot. Mais c'était légitime.

Le moral est très bon. Il fait assez beau pour que ça aide.

On commence à s'habituer... mais petite inquiétude ce matin : nous sommes arrivés au bout de nos réserves de pain. Comment faire pour s'assurer d'une hygiène au top pour les autres d'abord puis pour nous. Se laver les mains avant de partir à la boulangerie (et espérer qu'elle soit ouverte). Penser à y aller sans les chiens, à pied. Faire sa "fiche de circulation". Prendre le pain, ne pas toucher à autre chose, surtout pas le visage. Mettre le pain dans un espace non "courant" de notre lieu de vie (une Tinyhouse de 12m²), le plus au chaud possible. Attendre au moins 5 heures. Préférer du pain conservable (pas de baguette blanche), en prendre le double de l'habitude pour éviter les A/R inutiles. Ne rien toucher à l'intérieur à mon retour. Me laver consciencieusement les mains. Avoir été attentif à la proximité et envisager de me changer en rentrant. Psychose. Finalement j'ai fait du pain "maison". Ça faisait un bail, mais les réflexes restent qd mm. Pain moulé semi-complet, mar plij. Ça va être marrant d'aller faire le réapprovisionnement. Une pensée me vient pour les commerçants et artisans de l'alimentaire qui peuvent se poser ces questions tous les jours et qui savent qu'ils prennent des risques pour l'intérêt commun. Vis ma société de confinement. Il est midi. Je prépare des fiches de circulation vierges, à la main (nous n'avons pas d'imprimante fonctionnelle en Tinyhouse) et une liste pour les courses, histoire de tout faire d'un coup. Je me maudis d'avoir oublié mes bouquins à la librairie vendredi ou samedi : c'est bien le truc que j'ai manqué. En fait j'ai pas de déplacement à prévoir d'ici demain ou après-demain.

Suite à mon positionnement-coup de gueule contre mon employeur hier (rupture de périodes d'essai pour raisons économiques, ce qui est illégal et incivile en cette période), j'apprends que je risque de me faire virer. Je penche plus pour un blâme. Me virer sur la période, surtout pour faute grave serait très douloureux potentiellement pour eux, ils scieraient la branche sur laquelle ils sont assis. Pour le reste... J'ai la peau dure.

Et pour finir en beauté : me voilà auto-déclaré en arrêt maladie... depuis le vendredi 13 mars denier. Et enfin, pour parfaire ma psychose, je me suis testé virtuellement sur les symptômes grippaux de fin février : "Vous décrivez un cas possible d’infection COVID-19".

Jour 9 - Vendredi 20 mars 2020

Aujourd'hui c'est jour de courses ! Mais ça ne semble pas si simple que ça. Je prévois mon retour à la maison, en ce qui concerne le cycle de désinfection, "des biens et des personnes". Je prends deux sacs, la CB... c'est parti ! Mission : dès que je sors de ma voiture, le geste mains-visage est interdit jusqu'à mon retour à la maison. J'arrive à la coop bio d'à côté. On rentre 4 par 4. Très peu de monde dans le magasin. Très pros ! Bon bien entendu le port des masques est globalement en place, mais les salariés ont globalement du mal à tenir les bons réflexes (ex: ne pas toucher le masque chirurgical en son centre car le virus traverse la membrane). La caisse est désinfectée à chaque client. Une plaque de plexiglass protège les caissiers, très agréables et amènes à la discussion. Je sors avec 10-15j de courses au lieu de 7, mais sans excès. C'est le stock de bière qui est le plus lourd ! Arrivé à la boucherie, mêmes principes à peu près. Je remercie les travailleurs de leur boulot, et en souligne l'importance. Tous se montrent flattés et heureux de l'entendre. Je pense que c'est important à plusieurs titres. Une fois à la maison, sas de sécurité pour les victuailles. On ne dépouillera les courses que demain matin. Les denrées les plus périssables sont quand même rentrées au frigo, sur-emballées (le virus aime rester au froid). Je prévois de nettoyer le congélateur dans l'après-m.

J'ouvre mes emails pros, je découvre une menace indirecte (écrit au CSE) de licenciement par un homme qui n'est pas dans ma chaîne hiérarchique, du fait de ma prise de position pour la sauvegarde des emplois de deux salariés en période d'essai. Bravo les gars. A côté de cela, aucun collègue ne bouge, malgré la situation et l'information donnée. J'ai l'impression que les individus ne sont même plus capables d'empathie. Comme si les neurones miroirs de l'espèce humaine avaient été désintégrés en 2 générations. Balaise Darwin !

Suite à une demande d'explication de ce qu'est le Covid-19, je m'aperçois que j'en connais assez pour mettre cela par écrit... ça me facilitera la vie quand on me posera des questions pour la suite !

Une amie contaminée par le Covid-19 nous offre son expérience en open-source et ses remèdes pour gérer individuellement le choc de la pandémie. Si cela pouvait contribuer à une science participative... n'hésitez pas à partager, modifier, copier, etc.

Première prise-de-tête-confinement avec Perrine. Est-ce un effet de secondaire du Covid-19 ?

Jour 10 - Samedi 21 mars 2020

C'est le printemps !!

Hier soir on a eu la bonne idée de regarder (l'excellent) le film de Soderberg "Contagion". La scène de fin est tellement juste... J'ai aussi eu l'occasion de lire un article explosif de Médiapart sur l'épidémie, avant de dormir c'était pas l'idée du siècle... mais j'ai bien dormi quand même étonnamment.

Ce matin au contraire : un article lumineux sur le contrat de domestication de la nature que nous avons rompu, comme en d'autres temps il était question de contrat social. Je n'attends qu'une chose : le livre de Frédéric KECK. On y voit clairement le lien de causalité entre lien avec la nature, capitalisme, croissance et pandémie... Causalité très similaire avec la crise climatique...

J'ai fait le tour des copains, de la famille. Tout le monde va bien dirait-on. Mais sans oublier Ch.Tx qui sort doucement de la tourmente aux dernières nouvelles, et Boob' (un copain de Loire-Altantique) qui a déclaré les premiers symptômes alors qu'il a été 14 jours en quarantaine chez lui avant le confinement (mais il a récupéré son fils)...

Après avoir mis à jour ma "décharge mentale", je peux aller bricoler ma terrasse dans le jardin. Ouf.

Jour 11 - Dimanche 22 mars 2020

Ok je pète un plomb. La manie s'empare de moi. J'ai l'impression d'être tombé sur un truc. Le lien groupe sanguin et Covid-19, qui pourrait probablement apporter une solution aux pénuries de matériel lié au soin du Covid-19 (hôpitaux, soins à domicile, soins de personnes dépendantes...), même si la confrontation au terrain semble plus complexe qu'il n'y paraît de loin. Je deviens un peu fou. Mais je me soigne. Je libère mémoire et liens de causalités dans mon doc dédié au Covid-19. Plus marrant, mais toujours aussi dingo, j'essaie d'avancer grâce à ça dans mon étude de ma grippe récente. Je découvre plein de trucs et j'ai plus de corrélations entre notre grippe et le Covid-19. Perrine se moque de moi et de ma folie douce. Grmbl.

Gros boulot dans le jardin (clôtures pour les chiens et le potager). Sauvegarde de ma santé mentale, j'essaie de regarder ailleurs.

Je découvre des podcasts...

On s'est donné des objectifs quotidiens horodatés avec Perrine, pour tenir une "routine" : renforcement musculaire, swing, jardinage... en plus des habituels ménage et cuisine.

J'ai produit un extrait des nouvelles du jour à la demande de Minga... si ça sert...

Jour 12 - Lundi 23 mars 2020

La vague se forme...

Toutes mes interviews de personnes dans ma chaîne de contamination probable ou possible respectent les règles de transmission liées au groupes sanguins...

Je dois donner mon plasma jeudi... j'ai un doute en situation de confinement, et ce doute m'a amené à revérifier : non il ne semble pas y avoir d'effort visible fait en faveur du développement d'un sérum. C'est bizarre.

Au boulot, je suis persona-non-gratta du fait d'avoir soutenu mes collègues pour une rupture de période d'essai abusive... et je suis au chômage partiel, en attendant un hypothétique arrêt de travail.

On a fait du renforcement musculaire à 16h comme prévu. Au top. Tout à l'heure : jardinage.

1.000.000.000 de personnes dans le monde sont confinées chez elles (ou plutôt en ont l'injonction). La Chloroquine pourrait sauver l'humanité, ou pas. Les travailleurs les plus pauvres sont au turbin, les riches (comme moi) chez eux, les prisonniers et autres réfugiés souvent entassés. Comme d'hab' quoi. Des articles commencent à pleuvoir sur les études liées aux groupes sanguins (Le Télégramme, Femmes Actuelles, ...)

Les SMS et autres Whatsapp se sont calmés aujourd'hui. Bernard fait son ermite. L'accoutumance peut-être. Moi j'ai semé mes premières carottes et radis (et même du fenouille). On est parés pour tenir 6 mois là !

Jour 13 - Mardi 24 mars 2020

Alors que l'historien israélien Yuval Harari, qui s'inquiète d'une utilisation politique de l'épidémie à des fins de la surveillance de masse et de repli nationaliste (« Ces dernières années, des politiciens irresponsables ont délibérément sapé la confiance en la science, les autorités et les médias. Aujourd’hui ces mêmes politiciens irresponsables peuvent être tentés de prendre le chemin de l’autoritarisme, en prétendant qu’ils ne peuvent tout simplement pas faire confiance au public pour faire ce qu’il faut. »), l'Elysée se penche sur le « tracking » des personnes contaminées. Bienvenue en chine ! On s'y échange des particules virales toxiques en ce moment...

La Ministre des Armées annonce l'arrivée à Brest et Quimper de Covid-19+ pour soulager Mulhouse. Bienvenue chez nous, j'espère que nos soignants tiendront le choc !

Mes relations avec mon employeurs sont toujours (très) tendues. Ils envoie des informations non opposables ce qui fait paniquer tout le monde, et ne précise pas sa stratégie, du coup tout le monde est dans le noir. On dirait que c'est panique à bord (sans doute le salaire variable des dirigeants a tellement explosé que c'est hara-kiri maintenant ?).

Je réfléchis (avec d'autres) à ce que ça risque de faire à la société, dans un sens comme dans l'autre. Nous vivons une époque palpitante, pour le moins !

Je suis vert !!! La FFHB annule tous les championnats amateurs pour la saison 2019-2020. Nous finissons 4èmes alors que nous avions une chance d'arriver 3èmes voire 2nds. La pire nouvelle de la journée.

Création d'un proto au pied levé de plateforme pour commercialiser tous les légumes et autres victuailles qui ne pourront pas être vendues sur les marchés plein air maintenant interdits, le tout dans un environnement où l'hygiène sera contrôlée. Voilà de quoi redevenir acteur.

Jour 14 - Mercredi 25 mars 2020

Il va falloir que je me décide à faire le béton de mes plots...

Un copain a vu un ancien de son quartier faire des ronds dans son jardin avec sa voiture sans permis... C'est le début de la fin ou alors il s'est dit qu'il fallait la faire tourner ?

Le chômage partiel se rapproche dans ma boîte, qui ne semble toujours pas capable de savoir qu'un document officiel, ça se date et se signe (mais il ne faut pas s'inquiéter, aucune décision n'est prise sans l'avis du service juridique). Il semblerait que personne ne veuille répondre à mes communications, je semble être devenu le mouton noir...

J'irai voir mon psy après le confinement. Pour le moment on va bien...

Ma chienne, qui passe toute la journée à gambader dehors commence pète un plomb et n'arrive plus à se reposer. Un signe de déclin ? Pour le moment pour moi, on va bien.

Je lis des articles incroyables sur les causes, les symptômes, les conséquences, les conditions de soin. Difficile de lire ça dans mon joli chez moi, avec de l'herbe partout, de quoi m'occuper mais sans non plus crouler sous le travail, et sans voir personne. J'ai l'impression d'être spectateur d'un truc invisible... à moins que ce ne soit pas qu'une impression.

Demain je donne mon plasma. Entre peur de faire rentrer le virus et joie de participer à ma petite échelle à faire tourner le monde.

Et le coup de gueule du soir suite à la réception d'une 1/2 infox par des amis sur RAOULT/Chloroquine/OnNousCacheToutOnNousDitRien :

Le scandale immédiat au niveau gouvernance c'est qu'on n'a pas d'indicateur précis de la maladie. On est dans un avion avec un pilote aveugle et sans rire de contrôle. Ça fait 6 ou 7 semaine que les Chinois ont arrête de se fier au test ("pcr" je crois) pour revenir sur un diagnostic basé sur radios et IRM. Ils ont publié de bons papiers et même des protocoles pour ça. Le seul test qui semble tenir ne fonctionne pas sur les malades en phase ascendante, mais sur les guerris ou en rémission (test basé sur une prise de sang et une mesure des anticorps au SARS-COV-2).

Et HIRSCH (ce pur produit de la nomenclatura) qui se plaint de manquer de lits, personnels et équipements.... Il y en a qui ne manquent pas de toupet. Il lèche des culs des tous les présidents depuis Sarko et maintenant il n'y a pas a s'étonner qu'il pue sacrement de la gueule !!

Le voilà le scandale d'état : https://www.liberation.fr/debats/2020/03/24/j-ai-la-rage_1782912

Jour 15 - Jeudi 26 mars 2020

Ce matin en baladant les chiennes, je me suis retrouvé en haut du champ près de chez moi, avec toute une vue sur la vallée. J'ai trouvé ça grand et spacieux. Presque le vertige ;)

J'ai été donné mon sang, j'y retournerai avec plaisir, ça sort du confinement !! La médecin m'a confirmé que nos symptômes avec Perrine étaient bien très proches de ceux du Covid-19.

Au boulot, ils m'ont sortis du dispositif de chômage partiel. On vient de perdre un beau billet avec un client dont j'avais la charge, puisque j'ai indiqué mon indisponibilité quand j'ai eu l'information (réfutée depuis) de ma mise au chômage.

Jour 16 - Vendredi 27 mars 2020

J'avais pensé faire des plots en béton aujourd'hui (chômage partiel), mais obligation professionnelle : journée magnifique passée devant l'écran. Ça vient et ça va au niveau de ma direction, ça fout même le mal de mer !

Aujourd'hui le confinement a été prolongé de 15j. On dirait une remise de peine de prison qui aurait été refusée parce que le détenu aurait fait preuve de mauvais comportement, de manière à continuer à protéger la société de ses exactions. Remplacer "détenu"/"État", "fait preuve de mauvais comportement"/"pas encore assez réparé ses dégâts écologiques", "société"/"planète". Mais bon à ce compte, on n'en a encore pour 9 mois... Le 5 mars la France avait épuisé ses ressources en renouvellement de CO2.

Boris JOHNSON et son Ministre de la santé sont malades du Covid-19... après s'être vanté d'avoir serré la main de tous les malades d'un hôpital.

J'ai réussi à finir ma clôture à l'Est pour pouvoir fixer un grillage évitant que les chiennes aillent sur le chemin de l'autre côté... et les promeneurs sont nombreux !

Et j'apprends que les hôpitaux arrivent à court de médicaments, en particulier de curare (mais pas que) utile à la sédation qui permet la respiration artificielle intubée. La France est en rupture de masques, lunettes, blouses, etc. L'APHP à Paris, plus gros groupement d'hôpitaux de France et fer de lance de la santé française, est submergée et indique être au bord de la catastrophe. Honte à vous, ceux qui nous dirigent et qui sont dépositaires de notre confiance (qu'on le veuille ou non, c'est la majorité qui décide), responsables du contrat social qui nous voit nous soumettre à l'état démocratique en échange de sa protection. Tout cela tombe en lambeaux. Vous me le paierez.

Et tout cela me fait entendre "Prisonnière" de Stéphane Eicher, dont le "très cher" serait le Covid-19, "Il en va de la vie de nos mères, il en va de la vie de nos pères". "Je me sens de vous prisonnière". "Lavons-nous de la boue" (des urgentistes disent s'être fait jetés dans la boue) "et oublions tout". https://www.dailymotion.com/video/x7ob2h5

Moi je n'oublierai pas.

Jour 17 - Samedi 28 mars 2020

J'ai enfin fait les plots béton de notre future terrasse. Reste encore à faire les plots de la passerelle... next step.

Je viens de découvrir qu'une bonne part de la propagation de l'épidémie de Covid-19 est passée par un rassemblement évangélique à Mulhouse mi-février, qui aurait ensuite essaimé un peu partout en France et aurait touché des milliers de personnes. Incroyable. Et le docteur Jonathan Peterschmitt se souvient effectivement avoir reçu dès janvier un patient qui avait le symptôme-type du Coronavirus : "il avait perdu l’odorat et le goût. Trois autres patients avaient une très grosse grippe. Le 31 janvier, j’ai fait hospitaliser une jeune femme qui avait les symptômes d’une pneumopathie."

Et plus je m'informe sur les USA, plus ce pays me fait penser à l'hôpital en France, où les soignants reprennent le pouvoir dans l'institution. Aux USA, les gouverneurs reprennent la main sur l'état fédéral. Plus qu'à attendre que D. Trump attrape le Covid-19 de la même manière que Johnson en Grande-Bretagne. En tous cas ça va être l'hécatombe.

On a fêté les 13 ans de ma nièce-par-alliance en visio à midi. Le monde change !

Jour 18 - Dimanche 29 mars 2020

On a changé d'heure cette nuit. Seul symptôme : l'impression de se réveiller plus tard que d'habitude et l'étonnement que les chiennes n'aient pas piaillé plus tôt. Personne n'en a parlé, pas de polémique heure d'été / heure d'hiver. Le monde serait en pleine mutation ?

Sinon, un peu jardinage pour préparer les patates, nettoyage des gouttières, ...

Sinon qu'ai-je appris de la situation aujourd'hui ? Une mise en perspective très intéressante par Gaël Giraud, la très forte minimisation potentielle du nombre de morts du Covid-19 en Chine à Wuhan, le Gouvernement se défend de tout retard, et les canards retrouvent les rues de Paris.

J'ai fait un super pain de 1,5kg tout à l'heure : souple, croustillant... au top. Je crois que j'y suis. ;)

Jour 19 - Lundi 30 mars 2020

Un nouvel article de Courrier International vient corroborer celui de Frédéric KECK d'il y a exactement 10 jours : la nature a horreur des déséquilibres et nous autres, êtres humains, avons pas mal tiré sur la corde ces dernières années... Cette fois-ci le cri "nous sommes la nature qui se défend" rencontré sur les ZAD vient d'une source non-humaine. Aucun CRS ne saura faire taire la contestation. Si l'Humain ne se montre pas intelligent cette fois-ci, non pas via de nouvelles trouvailles scientifiques mais en calmant le jeu et en rebroussant chemin, alors le Covid-19 ne doit être considéré que comme un coup de semonce. "Aux armes citoyens !"

Aujourd'hui, entre deux compte-rendus pros, je me suis pris à rêvassé sur le mode "je me souviens de la dernière fois que ...", "si j'avais su je m'en serai délecté encore davantage"... quoi que s'en "délecter encore davantage" revenait bien moins que "je me souviens".

Pour finir ma journée de (télé-)travail, je me suis décidé à écouter le podcast de ma direction sur la situation actuelle (oui oui j'ai bien dit le "podcast", on n'arrête pas l'innovation au pays de la start-up nation capitalisée aux hormones. Heureusement que mon coup de gueule, qui sert d'intro à l'émission d'ailleurs, a permis d'avoir un état écrit de la situation, sinon ça aurait vraiment été scandaleux... Mais si le contenu est creux, manque cruellement d'informations essentielles (quel est l'état financier de la société, comment les choses se réagencent, combien de temps peut-on tenir, quelle durabilité pour l'emploi, etc.), et est battu de novlangue "french tech"... j'ai fini par me dire qu'entendre les voix non rompues à la radio, que je suis sensé connaître (ce sont mes chefs, même si je ne les ai jamais vus), ça faisait quand même un peu de chaleur humaine. C'est dire le niveau de désespérance.

Par ailleurs, Trump est revenu sur Terre, Bolsonaro est toujours en orbite, Macron toujours à la banque avec sa calcu (ça n'a pas changé depuis plus de 10 ans a priori), et des perspectives se dessinent, mais 'va y avoir de la casse... J'ai toujours été bien conscient que cette casse se paierait en vies humaines, mais j'espère encore qu'elle sera la moins lourde possible. Aujourd'hui ce n'est que le début.

Jour 20 - Mardi 31 mars 2020

Dans mes modestes compétences professionnelles, il y a le management du risque et la gestion de crise. Tiens donc... J'invite à donner un petit coup dans le rétroviseur/rapport du Forum Économique Mondial de Davos en 2019. J'accorde une valeur importante à leurs travaux, qui sont faits de manière consciencieuse et bien que derrière cela charrie des idéologies que je combats. Dans leur appréciation des risques globaux, ce que nous vivons actuellement n'est ni le plus grave ni le plus probable. Il est donc évident que le temps est venu de nous préparer politiquement à ce qu'il est vraisemblable de penser qui va suivre. Voici donc un résumé du classement des événements redoutés :

Vraisemblance:

  1. Évènement climatique majeur
  2. Echec de l'atténuation du changement climatique
  3. Catastrophes naturelles
  4. Vol de données ou fraude
  5. Cyberattaques
  6. ...
  7. 24è: Pandémie

Gravité:

  1. Armes de destruction massive
  2. Échec de l'atténuation du changement climatique
  3. Évènement climatique majeur
  4. Crises liées à l'eau
  5. Catastrophes naturelles
  6. ...
  7. 10è: Pandémie

A date nous aurions sauvé entre 21.000 et 120.000 vies humaines grâce aux confinements en Europe. Ça va, le cours de la vie sur les marchés boursier se négocie à la hausse !! Vivement l'infini !

Par ailleurs la psychose me gagne : des sites en 503 (Service Unavailable), des SMTP hésitants, ... le net a de la fièvre ?

La Mairie de Quimper refuse de porter la réouverture des marchés de "plein vent" à Quimper alors que des premiers morts commencent à se compter parmis les employés de grandes surfaces... Merci M. Jolivet ! On va pas de laisser faire pour autant : des paniers solidaires sortiront des champs dans pas longtemps !

J'ai cru avoir été sous le coup d'une tentative de phishing (institutionnel ou pirate sur le coup, au final institutionnel si l'impression pouvait être confirmée) au boulot. Et là tu sens que tes nerfs sont à vif !

Jour 21 - mercredi 1er avril 2020

Je me suis fait pêcher au réveil : Perrine m'a annoncé être homosexuelle... Si elle reste amoureuse de moi et que ça ne cache rien de plus... Mais mon sang n'a fait qu'un tour (surtout une telle révélation en plein confinement). Poisson d'avril !

Jour 22 - jeudi 2 avril 2020

L'état de situation ici ? Je vais construire une tour-à-patate dans quelques minutes, alors qu'hier c'était le printemps, là on revient comme sur les pistes de ski avant les chutes de neige. Les services de santé sont débordés, les dirigeants nationaux mentent un peu, paniquent beaucoup, et font dans leur froc pour l'avenir. Les dirigeants du privé cherchent désespérément à acheter un billet d'avion pour un paradis fiscal pour eux, leurs enfants et l'argent qui reste dans les caisses de leurs boîtes, mais il réalisent tout à coup que plus aucun avion ne vole à présent, et ils se mettent à paniquer pour leurs parents qui pourraient mourir sans lit de réservé dans leur clinique privée habituelle (où il n'y a d'ailleurs plus de lit pour personne non plus). Et à la fin, ils se rendent compte qu'en fait ils se sont toujours foutu de leurs parents depuis qu'ils ont trouvé leur indépendance financière. Alors ils se retrouvent tous seuls à la maison, avec leurs enfants insupportables, sans nounou, salaire variable, amis, gel hydroalcoolique, et juste avec quelques masques qui leur tiendront une semaine ou deux (tandis que les soignants en manquent partout, mais ils s'en foutent). Donc tout est aussi normal qu'avant la crise, la panique en plus. J'espère seulement qu'ils trouveront le flingue qu'ils cachent habituellement sous leur oreiller et qu'ils font appuyer rapidement sur la gâchette, avant qu'on ait besoin de prendre soin d'eux pour le Covid-19 (d'ailleurs ce sont des décideurs non ? Pourquoi ne pas décider maintenant d'une mort rapide et sans douleur ? Pour une fois ils arrêteraient de juste gagner de l'argent, ils en feraient économiser à tous).

J'ai même indiqué mon intérêt pour un poste de l'armée... c'est dire si je vais mal.

Le Gouvernement annonce la possibilité, à partir du 6 avril, d'une attestation dérogatoire de déplacement sur smartphone. En parallèle, le même Gouvernement "réfléchi" au backtracking de nos téléphones (suivi des déplacements par smartphone des personnes ici pour endiguer une épidémie) comme solution pour sortir progressivement du confinement. Comprendra qui peut... Moi j'aime pas qu'on soit pris pour des c**, et là c'est un peu gros.

Jour 23 - Vendredi 3 avril 2020

Tour à patates
Le Wifi est de retour à la maison ! J'ai lancé ma tour-à-patates... Perrine est en plein confinement-contemplation. Je flippe toujours de l'attestation de sortie numérique et du backtracking (cf. hier)... Life goes on !

On n'arrête pas le progrès, une application mobile de traçage (backtracking, voire mes commentaires d'hier) via bluetooth (la moins pire des techniques) vient d'être publiée en open source par une boîte Allemande.

Côté local, on récupère tout à l'heure notre dimanche midi par exemple ? histoire d'avoir une chance de chopper Jérôme ?panier solidaire avec plein de producteurs du coin. En voilà une belle CoV-initiative !

Jour 24 et 25 - Samedi et dimanche 4 et 5 avril 2020

Le temps reprend son droit, et redonne de la place à la normalité, quoique confinée.

J'ai fini de creuser les plots de la terrasse, on a fait du ménage dans le jardin (ornement), deux apéro-visio... j'ai réussi à me faire piquer par un truc que j'avais déjà croisée en juillet 2019, j'ai l'avant bras inflammé voire même infecté. J'ai rendez-vous en visioconsultation demain midi.

Les scandales se préparent en déferlantes :

... alors que les départements français ne sont pas touchés aux mêmes proportions (ici on accueille plus des malades de l'étranger qu'on est submergés), et que le pic de l'épidémie se rapproche.

Demain ouvre le bal des attestation de sortie dérogatoire numériques... cf. jeudi 2 avril 2020.

En attendant on s'est fait un revival Ergué-Gabéric (famille Beulz), Quimper, Les Glénan, L'Odet des années 50, grâce à la Cinémathèque de Bretagne !

Jour 26 - Lundi 06 avril 2020

Aujourd'hui, j'apprends le rôle et les missions d'un représentant de section syndicale. Nomination effective depuis vendredi. On se retrousse les manches, et on y va contre les entorses au droit du travail !! :c)

Marc Santolini, chercheur à l'INSERM, tient des propos pleins de mes idéaux : « Des données sur la progression de l’épidémie sont mises à jour quotidiennement – celles de l’Université John Hopkins par exemple sont le fruit d’un travail ouvert et collaboratif et ont déjà été réutilisées près de 9000 fois sur la plate-forme de collaboration Github par des projets tiers, détaille-t-il. Des résultats sont publiés immédiatement sur des serveurs de pré-publication en accès ouvert ou sur les sites des laboratoires mêmes. » Il constate de plus que « le monde de la recherche et de l’innovation semble s’être pris d’une frénésie de collaboration et de production de connaissances ouvertes tout aussi contagieuse que le coronavirus. » (Source: Mediapart)