Dossier HVC

De e-glop
Révision datée du 6 janvier 2006 à 07:48 par BeTa (discussion | contributions) (Controle technique)


Comme on le trouve si bien dit sur Ekopedia, si votre voiture, votre tracteur, votre moto (eh oui, il en existe !!), votre générateur électrique, votre chauffage, ... fonctionnent au gazole, au fioul ou au "rouge", ils roulent déjà à l'huile, à 100% même ! Bien entendu, cette huile étant d'origine fossile, elle est dite "minérale"... et puisqu'elle est fossile (agée de plusieurs millions d'années), la transformer de l'état liquide à l'état gazeux en la brûlant représente à l'échelle macroscopique un immense déséquilibre pour la planète.

Ainsi, pour passer du 100% huile minérale au 100% huile végétale, avec les nombreux intérêts que cela comporte, "il suffit d'ajuster quelques points pour adapter le moteur à la viscosité du biocarburant utilisé, c'est tout". Voici donc par où je suis passé, où j'en suis et mes projets à venir concernant l'huile végétale carburant et les biocarburants de manière générale.

Les huiles végétales carburant, c'est quoi ?

L'huile végétale brute

L'huile végétale brute (HVB) est aussi connue sous les noms d'huile végétale pure (HVP) ou huile végétale carburant (HVC). Elle peut être utilisée comme biocarburant pour tous les moteurs diesel, sous réserve de modifications mineures visant à réchauffer le carburant en question, ou, sans modification, en mélange avec du gasoil ordinaire (30% sur tous les véhicules, et jusqu'à 50% selon les cas).

Même si ces aspects nous intéresseront moins, l'HVB peut aussi servir dans la fabrication du savon, et en cuisine

Les moteurs diesel

Les moteurs diesel ont été inventés en 1897 par Rudolf Diesel alors qu'il est employé à l'usine MAN à Augsbourg. Au départ, il conçoit ses moteurs pour fonctionner à l'huile d'arachide et ils étaient plus connus sous le nom de moteurs à l'huile.

Ainsi un moteur diesel est historiquement capable de rouler à l'huile végétale brute... Si on regarde les moteurs actuels, de nombreuses solutions sont possibles, en fonction de la technologie diesel mise en oeuvre (pour mieux s'y retrouver, je ne peux que conseiller de consulter ce tableau). Vu rapidement, on peut en conclure que, moyennant quelques adaptations, beaucoup de moteurs sont directement convertissables à l'huile végétale, à 100%.

Les carburants verts

Jusqu'à présent on a beaucoup parlé de moteurs diesel, mais ils ne sont pas les seuls concernés ! les moteurs "essence" ont aussi leurs penchants verts. Je vous propose donc un petit tour d'horizon des carburants verts :

Type de moteur Biocarburant
Diesel Huile Végétale Brute (HVB)
Essence Bioethanol
Biogaz

L'avantage majeur de ces carburants n'est pas dans leur capacité à rejeter moins de CO2 que tel autre carburant, comme nous matraquent les politiques quand ils veulent parler d'environnement et de transports ! Leur avantage majeur est dans leur capacité à ne pas rejeter de gaz provoquant une aggravation de l'effet de serre. Je m'explique :

Un carburant fossile transforme en gaz du CO2 fixé par la biomasse il y a plusieurs millions (voire milliards) d'années. Ceci provoque donc un déséquilibre, puisque notre écosystème s'est bâti sur des bases ayant oubliées ce CO2. En ce qui concerne les biocarburants, le principe de transformation du carburant en CO2 est toujours le même. La différence tient au fait que le dioxide de carbone en question a été soustrait de l'atmosphère il y a relativement peu de temps (quelques années tout au plus), et qu'il y retourne immédiatement, pour être de nouveau fixé, etc... on rentre donc dans un "cycle court" du carbone, n'induisant aucun effet de serre durable.

De plus, des biocarburants comme l'Huile Végétale Brute sont par exemple dépourvus de soufre, ce qui évite de libérer des gaz à fort potentiel à effet de serre à base de ce composé. Cependant, ce n'est pas une généralité, et ce n'est qu'un effet de bord bien heureux.

Mon expérience personnelle

Ma voiture

Mon humble carrosse est une VW Passat TDI 90ch de 1995 (moteur 1Z), 450.000km... C'est ce qu'on appelle un IDBP (Injection Directe Basse Pression, pour différencier des common-rail et injecteurs-pompes, qui sont à haute pression). Pour le reste, rien que du très normal, pas de particularités, pas de modification durant les 20.000 premiers kilomètres parcourus (partiellement) à l'huile végétale. Cependant, depuis peu, j'ai mis les mains dans le moteur et des modifications arrivent, mineures pour le moment.

Mets de l'huile !

Premiers essais expérimentaux

Après avoir lu un article dans libération titré "Les biocarburants", du 11 avril 2005, je me suis mis à faire des recherches sur Internet. Peu de temps après, je découvre le forum d'oliomobile, sa mine d'informations et ses membres très actifs. Abbassourdi par la possibilité qui s'offre à tous, je décide de m'y mettre au plus vite.

C'est vrai que d'imaginer mettre de l'huile de tournesol de chez LIDL dans mon réservoir me faisait passablement frémir, le tout accompagné d'un léger doute qu'on trouve toujours dans les expériences folles qu'on n'a pas testées. Du coup, je me suis armé de mon courage, j'ai fait chauffer le moteur et ouvert mon capot, avec ma bouteille de 20L d'huile de tournesol premier prix à la main.

J'ai alors repéré les deux durites d'arrivée de carburant au niveau du filtre à gazole (c'était la première fois que je faisais réellement autre chose que ma vidange sur ma voiture...) et je les ai débranchées (et foutu de gazole un peu partout au passage...) pour les plonger dans ma bouteille d'huile posée à proximité. De retour devant le tableau de bord, la clé à la main, le palpitant au rendez-vous, j'ai mis le contact, coute que coute, c'est ma bagnole ou ma miette en faveur de l'environnement !

Là, la voiture a toussotté, craché, et vroum !! c'est parti ! à 100% du premier coup, sans compter, il est vrai, une jolie fumée bleue par derrière !! bon question environnement, je pense que je vais encore devoir faire des améliorations, mais ça fonctionne.

J'ai donc essayé d'imaginer comment éviter de devoir rouler capot ouvert, avec ma bouteille de 2L d'huile coincée dans le moteur... Je me suis donc décidé à mettre l'huile directement dans le réservoir, mais seulement entre 30 et 50% dans un premier temps, comme on me l'a conseillé si je n'utilise pas de réchauffeur.

Premières expériences routières

Après mes petites expériences, je suis allé acheté 20L d'huile de colza au SuperU près de chez moi. Je me suis scié les mains et carbonisé les épaules pour ramener tout cela à pied, mais j'ai donc réussi à faire mon premier "plein" à 30% d'HVB ! Au programme, aller avec les bouteilles non loin d'une station service (histoire de chauffer le moteur), remplir le réservoir d'huile avec le moteur en fonctionnement (pour éviter de le brusquer) et une fois terminé, aller au plus vite à la pompe compléter au gazole.

Une fois le travail effectué, me voilà parti pour 2h30 de routes, et 250km de voie expresse à 30%. Aucun souci à remarquer, ni fumée, ni différence de comportement moteur, ... tout fonctionne comme une horloge du départ à l'arrivée ! L'expérience est une réussite.

Je recommence l'expérience par trois fois à 30% d'huile de grande surface, soient 3000km, sans souci. Me voilà prêt pour chercher un approvisionnement moins polluant (bouteilles plastiques), plus pratique (un seul bidon de 60L) et plus "local" (chez un agriculteur du coin). C'est chose faite rapidement, et je repars la première fois avec 100L d'huile végétale brute de colza (culture extensive), paré pour un passage à 50% et des conditions plus simples.

Rodage terminé...

À l'heure actuelle, j'ai parcouru près de 20.000km entre 40 et 60%, ainsi que environ 1000km au biodiesel espagnol et 1000km au gazole pur (manque d'approvisionnement). Je n'ai absolument aucun souci à déplorer à l'heure actuelle, si ce n'est des claquements moteur plus intenses à froid et un peu plus de couple. Sinon, tout fonctionne à merveille, je n'ai aucune panne à déplorer, aucune baisse de performances (les autoroutes allemandes auront confirmé ce que je pensais), aucune anomalie.

L'hiver arrivant, les démarrages à froids sont un peu plus difficiles. Je prévois donc de rajouter 5 à 10% de SP95 pour fluidifier mon carburant (50% HVC, 50% GO pour le moment) et solliciter de moindre manière ma pompe à injection.

Il est donc temps, maintenant, de ne pas se contenter de ces bonnes nouvelles... en effet, aux conditions d'éviter les petits trajets au maximum (pour avoir une bonne montée en charge, afin de décrasser correctement le moteur) et d'installer un réchauffeur de carburant, mon type de motorisation pourrait me permettre de rouler à 100% d'huile végétale, donc 100% vert ! à suivre...

Plus loin encore

Réchauffage du circuit de carburant

Courant décembre, j'ai installé un échangeur de chaleur entre le liquide de refroidissement et le circuit de carburant. Après une mise en place laborieuse, j'ai compris qu'il n'était pas assez long (surface de contact autour de 100cm² alors que 400 à 800cm² seraient préférables) pour bien réchauffer le carburant. Mais la première étape est passée avec succès !

Controle technique

Début janvier, j'ai donné ma voiture à mon garage pour la faire passer son contrôle technique. Dans le réservoir : 22L d'huile végétale (~32%), 2L de sans-plomb additivé d'acétone (~3% de SP95 et ~0.2% d'acétone) et enfin 44L de gasole (~65%). L'ambiance restait tendue jusqu'à l'obtention des résultats : avec plus de 450.000km et 30% d'huile végétale carburant, je croise les doigts, et je me dis que je suis un peu fou !! ;c)

Au final, ça n'est pas passé. Une contre-visite est obligatoire. Un de mes feux intérieurs est à changer et le bouton de mes warnings est cassé... Tout va donc pour le mieux !! et le contrôle de pollution a été passé avec brio ! Je vous communique mes tests de sonde lambda dès que possible.

En projet

Rouler à 100% bien entendu !! Puisque mon moteur devrait me le permettre, j'espère pouvoir rouler à 100% sans bi-réservoir. Pour cela, il va, là encore, falloir procéder par étapes.

Réchauffage du circuit de carburant

Le préchauffage du carburant est une étape cruciale si je veux pouvoir monter à plus de 55% d'HVC au moins pendant les mois d'été. Pour pouvoir rouler toute l'année à une proportion comprise entre 50 et 80%, un préchauffage électrique sera nécessaire. Néanmoins, un système par échange de chaleur avec le liquide de refroidissement me permet déjà, avec peu de complications, de permettre un meilleur fonctionnement à chaud de ma voiture.

Chauffage du réservoir

Enfin, si je veux voir ma voiture tourner à 100% sans second réservoir dédié au gazole ou au biodiesel, cette étape sera aussi un passage obligé pour passer les 80% d'HVC, surtout en hiver (à moins qu'une pompe de gavage permette de contourner cela) :

Il faut encore que j'étudie de quelle manière procéder afin de réchauffer convenablement mon réservoir. Déjà, il va falloir être vigilent sur la température souhaitée, car avoir un réservoir complet réchauffé à 50°c peut s'avérer dangereux, surtout en cas d'incident ! Il faudra également imaginer un système permettant de réchauffer le carburant à une température de 10 à 30°c (fluidité assurée) que ce soit à moteur froid ou non, en préférant (bien entendu) un système d'échange (direct ou non) thermique avec le liquide de refroidissement (ce qui n'est pas possible à froid). Peut-être qu'une pompe de prégavage sera à intégrer au système... à suivre...

Des ronds dans l'eau ...

Autour de moi

Depuis que je me suis lancé dans ces expériences de moteurs diesel à l'huile, un nombre impressionnant de personnes ont commencé à se poser des questions ou ont simplement été convaincus de se lancer dans l'expérience. Je conseille un nombre non négligeable de personnes sur le sujet et une parties de celles-ci roulent à présent partiellement au "vert".

Des expériences concluantes :

  • VW Transporter 1.9L TD : autour de 40% d'HVB depuis le début de l'été. Aux dernières nouvelles, aucun souci. Il est amusant de noter que sa consommation a nettement diminuée depuis qu'il est passé à l'huile : le premier plein a permi de gagner 20% d'autonomie, et maintenant, que ce soit à l'huile ou au gazole pur (eh oui, ça arrive, malheureusement), on peut dire que le van a gagné 10% d'autonomie par rapport à ce qu'il avait avant son expérience huileuse.
  • Peugeot 206 D : pour le moment, elle en est à 10% lors de son premier test. Tout va bien, rien à signaler. On compte monter progressivement jusqu'à 30%, mais nous sommes en hiver, donc il faut prendre son temps.
  • Le reste n'est pas encore confirmé... donc je vais attendre un peu avant de crier "victoire", mais je suis parfaitement confiant quant aux résultats à venir.

Des expériences à venir :

  • Un moteur Ford 1.9L TDDI et un 2.8L D.
  • D'autres TDI et SDI de chez Volkswagen
  • Peut-être un HDI (de chez Peugeot)

Sur le net

Références

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