Des enjeux de la désobéissance civile organisée en 3.0 : Différence entre versions

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(Définitions)
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=== La désobéissance civile ===
 
=== La désobéissance civile ===
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[https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9sob%C3%A9issance_civile Selon Wikipedia], la désobéissance civile est le refus assumé et public de se soumettre à une loi, un règlement, une organisation ou un pouvoir jugé inique par ceux qui le contestent, tout en faisant de ce refus une arme de combat pacifique. Le terme fut créé par l'Américain Henry David Thoreau dans son essai "La Désobéissance civile", publié en 1849, à la suite de son refus de payer une taxe destinée à financer la guerre contre le Mexique. Si la désobéissance civile est une forme de révolte ou de résistance, elle se distingue pourtant de la révolte au sens classique. La révolte classique tend à opposer la violence à la violence. La désobéissance civile, plus subtile, refuse d'être complice d'un pouvoir jugé illégitime et de nourrir ce pouvoir par sa propre coopération.
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La désobéissance civile est donc un acte public et assumé, d'insoumission pacifique. Qui dit "acte", dit qu'il faut agir pour pouvoir se revendiquer de la désobéissance civile. Qui dit "public", dit que cette action se fait au grand jour, publiquement. Qui dit "assumé", dit que l'action doit être revendiquée par une personnalité ayant une personnalité "civile", c'est à dire en particulier une personne physique, ou plusieurs, sous sa véritable identité.
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Et puisque désobéir c'est échapper à l'ordre établi, pour le remettre en question, ce dernier est constitué et organisé pour ne pas "laisser faire" et s'installer les désobéissants. C'est d'ailleurs l'un des grands enjeux de la société de surveillance qui nous est de plus en plus imposée (décrets Darmanin de fin 2020, loi de sécurité globale, loi contre les séparatismes, Health Data Hub, etc. etc. etc.), souvent allant à l'encontre de ses propres lois votées en toute démocratie (ex: le règlement général sur la protection des données personnelles voté par le parlement européen).
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La désobéissance civile peut s'opérer individuellement, en solitaire, mais également en collectif, de manière organisée. Elle a pour objectif la conquête de droits plus jugés plus justes par les personnes qui sont engagées dans l'action directe subséquente de l'organisation. Par ce que l'enjeu de notre XXIè est l'interconnexion des individus, les facilités de communication, nous allons surtout nous focaliser sur l'aspect collectif de l'organisation, qui peut être amenée à subir les enjeux de l'époque, et nous considérerons donc les risques par rapport à cet objectif, un risque étant l'effet de l'incertitude sur les objectifs (ISO31000 §3.1).
  
 
=== L'Organisation ===
 
=== L'Organisation ===
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S'organiser pour désobéir impose aux individus de communiquer entre eux. Certains groupes ont choisi une organisation uniquement en présence, des télécommunications presque inexistantes... là où d'autres ont choisi d'embrasser les technologies en considérant leur pouvoir émancipateur et fédérateur.
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Dans tous les cas la désobéissance civile organisée se renforce par la puissance du collectif. Les Faucheurs Volontaires d'OGM utilisent par exemple le mécanisme de la comparution volontaire, pour empêcher l'isolement des camarades dans leurs actions, permettant même jusqu'à [https://pig.log.bzh/2021/06/03/letat-de-necessite-reconnu-au-tribunal-de-foix-relaxe-des-fv/ établir l'état de nécessité en justice] pour leurs actions.
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Une action menée par 100 individus, organisés, est nécessairement plus crédible qu'une action réalisée seul. On glisse alors d'une désobéissance individuelle à une désobéissance collective, avec une réflexion proche de celle du droit de grève, qui est un droit nécessairement collectif, c'est à dire ne pouvant se réclamer seul, mais s'exerçant à titre individuel. C'est subtil, mais c'est un fondement profond du droit social.
  
 
=== 3.0 ===
 
=== 3.0 ===
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Les groupes organisés de désobéissance civile qui auront choisi d'embrasser l'époque et ses moyens de communication, c'est à dire de les utiliser dans toute leur subvertivité, utiliseront probablement les réseaux sociaux numériques publics (Twitter, Facebook, Instagram, LinkedIn, TikTok, etc.) mais également des réseaux sociaux numériques confidentiels, tels Signal ou Telegram.
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Leur force réside dans leur capacité à augmenter la valence sociale des individus (le nombre de relations qu'un individu est capable de nouer), à réduire les temps de communication, à effacer la notion de distance géographique (un temps au moins). Mais il n'est pas possible d'isoler une médaille sur sa seule face émancipatoire.
  
 
=== Les enjeux ===
 
=== Les enjeux ===
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Si nous nous intéressons avant tout à l'organisation de la désobéissance civile "connectée", les risques intrinsèques la menaçant se rapprochent et tendent à se superposer avec les ceux de la sécurité des systèmes d'information, appelée "cybersécurité" par les acteurs du marketing, du fait que l'aspect "connecté" de la désobéissance constitue un système d'information.
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Par ce que la recherche académique est florissante sur le sujet, en tant qu'enjeu de l'époque et en particulier enjeu d'un monde capitaliste où la protection des "actifs" (du patrimoine) débordants devient une obsession, nous disposons maintenant d'une connaissance approfondie du sujet. Même s'il reste en mouvement perpétuel, il repose sur des fondements qui aujourd'hui, et peut-être étonnamment, se sont stabilisés.
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Il y a donc trois grands risques en matière de sécurité des systèmes d'information, et un principe :
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* La perte de confidentialité
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* La perte d'intégrité
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* La perte de disponibilité
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* La nécessité d'imputabilité / la traçabilité des actions
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=== Principe d'imputabilité ===
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Le principe d'imputabilité concerne la désobéissance civile pour deux raisons, qui se distinguent clairement de l'approche capitaliste du sujet : le fait qu'elle engage des actions "civiles", c'est à dire rattachées à des individus identifiables et agissant "au grand jour" ; la nécessité d'une organisation "en confiance", c'est à dire que les individus ne peuvent s'organiser que s'ils sont en confiance dans le groupe, confiance qui ne peut être atteinte que si les individus se reconnaissent entre eux comme dignes de confiance, et donc que leurs avatars connectés, leur représentation numérique, corresponde bien aux individus qu'ils prétendent représenter.
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=== Risques de perte d'intégrité et de disponibilité ===
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Quant aux risques, l'intégrité des informations est assurée par le principe d'imputabilité et par le nécessaire chiffrement de "bout-en-bout" (le chiffrement de bout-en-bout est un chiffrement qui démarre de l'émetteur d'une information et qui abouti entre les mains de son destinataire, et qu'au milieu personne n'a pu lire les données ni les modifier) des outils utilisés. La disponibilité des informations est gérée par l'aspect "organique" des groupes, le stockage de l'information étant réalisé principalement dans la tête des membres. Ainsi une information manquante serait rapidement reconstituée et délivrée à nouveau par la mémoire du groupe (une information oubliée étant le plus souvent le reflet de son inutilité).
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=== Risque de perte d'intégrité ===
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Le dernier risque, crucial, est celui de la perte de confidentialité. Mettre en œuvre tous les mécanismes disponibles pour éviter ce risque est facteur de réussite des actions de désobéissance civile, qui nécessitent de prendre de vitesse les systèmes de surveillance établis pour défendre l'ordre établi de la dissidence, son poison mortel.
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Là aussi la confidentialité s'acquière par le chiffrement de bout-en-bout qui, non content de garantir l'intégrité de l'information, garantit également l'authenticité des échanges, c'est à dire la certitude que c'est bien Mme X qui a envoyé le message, et que le message était bien destiné à M. Y. L'authenticité des échanges ne peut être assuré que si les avatars numériques de Mme X et de M. Y sont également authentiques, et donc nous revenons sur le principe d'imputabilité.
  
 
== Les fondamentaux de la désobéissance civile ==
 
== Les fondamentaux de la désobéissance civile ==

Version du 5 juin 2021 à 08:29

Introduction

La désobéissance civile, au XXIè siècle, est probablement "connectée". Cela pose un certain nombre de questions et impose une organisation rigoureuse, prenant ses racines dans les pratiques historiques de la désobéissance civile comme dans la connaissance académique en matière de "cybersécurité". C'est ce que nous allons étudier ici.

Contexte

Le XXIè siècle est le premier à connaître une accélération des communications de cette ampleur, c'est à dire autant par la vitesse de communication que par l'abolition même du concept de distance entre interlocuteurs, y compris quand ils sont (très) nombreux.

Le XXIè siècle c'est aussi celui des conséquences du changement climatique, du durcissement des démocraties établies au XXè siècle glissant vers des régimes totalitaires de surveillance, des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM), des véhicules autonomes (ex: drones), de la dématérialisation du commerce, de pandémies foudroyantes, des manifestations de masse sans conséquence politique aucune, et d'une prise de conscience passionnante d'êtres humains qui n'ont connu que ce siècle là.

Ce document est produit par Baptiste LARVOL-SIMON et n'exprime que son point de vue. Il n'est ni chercheur universitaire, ni intellectuel de renom, ni même homme de grande expérience. Ce document existe donc pour produire un éclairage, modeste, et soumis à vos propres lumières, qui doit nécessairement être éclairé par celles-ci et non pris pour argent-comptant.

Définitions

La désobéissance civile

Selon Wikipedia, la désobéissance civile est le refus assumé et public de se soumettre à une loi, un règlement, une organisation ou un pouvoir jugé inique par ceux qui le contestent, tout en faisant de ce refus une arme de combat pacifique. Le terme fut créé par l'Américain Henry David Thoreau dans son essai "La Désobéissance civile", publié en 1849, à la suite de son refus de payer une taxe destinée à financer la guerre contre le Mexique. Si la désobéissance civile est une forme de révolte ou de résistance, elle se distingue pourtant de la révolte au sens classique. La révolte classique tend à opposer la violence à la violence. La désobéissance civile, plus subtile, refuse d'être complice d'un pouvoir jugé illégitime et de nourrir ce pouvoir par sa propre coopération.

La désobéissance civile est donc un acte public et assumé, d'insoumission pacifique. Qui dit "acte", dit qu'il faut agir pour pouvoir se revendiquer de la désobéissance civile. Qui dit "public", dit que cette action se fait au grand jour, publiquement. Qui dit "assumé", dit que l'action doit être revendiquée par une personnalité ayant une personnalité "civile", c'est à dire en particulier une personne physique, ou plusieurs, sous sa véritable identité.

Et puisque désobéir c'est échapper à l'ordre établi, pour le remettre en question, ce dernier est constitué et organisé pour ne pas "laisser faire" et s'installer les désobéissants. C'est d'ailleurs l'un des grands enjeux de la société de surveillance qui nous est de plus en plus imposée (décrets Darmanin de fin 2020, loi de sécurité globale, loi contre les séparatismes, Health Data Hub, etc. etc. etc.), souvent allant à l'encontre de ses propres lois votées en toute démocratie (ex: le règlement général sur la protection des données personnelles voté par le parlement européen).

La désobéissance civile peut s'opérer individuellement, en solitaire, mais également en collectif, de manière organisée. Elle a pour objectif la conquête de droits plus jugés plus justes par les personnes qui sont engagées dans l'action directe subséquente de l'organisation. Par ce que l'enjeu de notre XXIè est l'interconnexion des individus, les facilités de communication, nous allons surtout nous focaliser sur l'aspect collectif de l'organisation, qui peut être amenée à subir les enjeux de l'époque, et nous considérerons donc les risques par rapport à cet objectif, un risque étant l'effet de l'incertitude sur les objectifs (ISO31000 §3.1).

L'Organisation

S'organiser pour désobéir impose aux individus de communiquer entre eux. Certains groupes ont choisi une organisation uniquement en présence, des télécommunications presque inexistantes... là où d'autres ont choisi d'embrasser les technologies en considérant leur pouvoir émancipateur et fédérateur.

Dans tous les cas la désobéissance civile organisée se renforce par la puissance du collectif. Les Faucheurs Volontaires d'OGM utilisent par exemple le mécanisme de la comparution volontaire, pour empêcher l'isolement des camarades dans leurs actions, permettant même jusqu'à établir l'état de nécessité en justice pour leurs actions.

Une action menée par 100 individus, organisés, est nécessairement plus crédible qu'une action réalisée seul. On glisse alors d'une désobéissance individuelle à une désobéissance collective, avec une réflexion proche de celle du droit de grève, qui est un droit nécessairement collectif, c'est à dire ne pouvant se réclamer seul, mais s'exerçant à titre individuel. C'est subtil, mais c'est un fondement profond du droit social.

3.0

Les groupes organisés de désobéissance civile qui auront choisi d'embrasser l'époque et ses moyens de communication, c'est à dire de les utiliser dans toute leur subvertivité, utiliseront probablement les réseaux sociaux numériques publics (Twitter, Facebook, Instagram, LinkedIn, TikTok, etc.) mais également des réseaux sociaux numériques confidentiels, tels Signal ou Telegram.

Leur force réside dans leur capacité à augmenter la valence sociale des individus (le nombre de relations qu'un individu est capable de nouer), à réduire les temps de communication, à effacer la notion de distance géographique (un temps au moins). Mais il n'est pas possible d'isoler une médaille sur sa seule face émancipatoire.

Les enjeux

Si nous nous intéressons avant tout à l'organisation de la désobéissance civile "connectée", les risques intrinsèques la menaçant se rapprochent et tendent à se superposer avec les ceux de la sécurité des systèmes d'information, appelée "cybersécurité" par les acteurs du marketing, du fait que l'aspect "connecté" de la désobéissance constitue un système d'information.

Par ce que la recherche académique est florissante sur le sujet, en tant qu'enjeu de l'époque et en particulier enjeu d'un monde capitaliste où la protection des "actifs" (du patrimoine) débordants devient une obsession, nous disposons maintenant d'une connaissance approfondie du sujet. Même s'il reste en mouvement perpétuel, il repose sur des fondements qui aujourd'hui, et peut-être étonnamment, se sont stabilisés.

Il y a donc trois grands risques en matière de sécurité des systèmes d'information, et un principe :

  • La perte de confidentialité
  • La perte d'intégrité
  • La perte de disponibilité
  • La nécessité d'imputabilité / la traçabilité des actions

Go

Principe d'imputabilité

Le principe d'imputabilité concerne la désobéissance civile pour deux raisons, qui se distinguent clairement de l'approche capitaliste du sujet : le fait qu'elle engage des actions "civiles", c'est à dire rattachées à des individus identifiables et agissant "au grand jour" ; la nécessité d'une organisation "en confiance", c'est à dire que les individus ne peuvent s'organiser que s'ils sont en confiance dans le groupe, confiance qui ne peut être atteinte que si les individus se reconnaissent entre eux comme dignes de confiance, et donc que leurs avatars connectés, leur représentation numérique, corresponde bien aux individus qu'ils prétendent représenter.

Risques de perte d'intégrité et de disponibilité

Quant aux risques, l'intégrité des informations est assurée par le principe d'imputabilité et par le nécessaire chiffrement de "bout-en-bout" (le chiffrement de bout-en-bout est un chiffrement qui démarre de l'émetteur d'une information et qui abouti entre les mains de son destinataire, et qu'au milieu personne n'a pu lire les données ni les modifier) des outils utilisés. La disponibilité des informations est gérée par l'aspect "organique" des groupes, le stockage de l'information étant réalisé principalement dans la tête des membres. Ainsi une information manquante serait rapidement reconstituée et délivrée à nouveau par la mémoire du groupe (une information oubliée étant le plus souvent le reflet de son inutilité).

Risque de perte d'intégrité

Le dernier risque, crucial, est celui de la perte de confidentialité. Mettre en œuvre tous les mécanismes disponibles pour éviter ce risque est facteur de réussite des actions de désobéissance civile, qui nécessitent de prendre de vitesse les systèmes de surveillance établis pour défendre l'ordre établi de la dissidence, son poison mortel.

Là aussi la confidentialité s'acquière par le chiffrement de bout-en-bout qui, non content de garantir l'intégrité de l'information, garantit également l'authenticité des échanges, c'est à dire la certitude que c'est bien Mme X qui a envoyé le message, et que le message était bien destiné à M. Y. L'authenticité des échanges ne peut être assuré que si les avatars numériques de Mme X et de M. Y sont également authentiques, et donc nous revenons sur le principe d'imputabilité.

Les fondamentaux de la désobéissance civile